Voici un lieu que j’ai découvert totalement par hasard. Je me rendais avec ma fille à Soierie Vivante pour assister à une activité famille. Dans l’une des rues du plateau de la Croix-Rousse, le logo des Monuments historiques accroché à une façade m’interpelle. Je lis « Atelier Mattelon ». Ni une, ni deux : je décide de programmer une visite de ce lieu unique dans l’histoire du tissage et de la soie à la Croix-Rousse.
Histoire de l’atelier Mattelon
Fondé en 1878 par le tisseur Pierre Millan, cet atelier est le témoin de l’industrie à domicile du tissage de la soie à Lyon. Caractéristique des immeubles canuts, l’atelier est situé au deuxième étage de l’immeuble. Les ouvriers vivaient dans la soupente. L’atelier diffère des appartements de canuts traditionnels avec ses plafonds enduits pour éviter la poussière.
En 1939, Georges Mattelon achète l’immeuble et fait construire en 1948-1951 un atelier de métiers mécaniques à l’arrière de la parcelle tout en continuant la production traditionnelle sur les métiers à bras, toujours conservés à ce jour. Reconnu comme l’un des meilleurs ouvriers de France, il a réalisé le tissu de la robe de mariée de la reine d’Angleterre. Cet atelier familial de tisseur de soie a fonctionné sans interruption jusqu’en 1996. Après son départ à la retraite, Georges Mattelon faisait visiter son atelier jusqu’à son décès en 2004. Son fil, Jacques Mattelon, a repris le flambeau pour faire vivre ce patrimoine exceptionnel et pour restaurer progressivement les métiers à tisser.
Inscrit à l’inventaire supplémentaire de Monuments historiques en 2013, l’atelier Mattelon est représenté sur le célèbre mur des canuts à la Croix-Rousse. Une version miniature de l’atelier est également exposée au Musée Miniature et Cinéma dans le Vieux-Lyon.
Immersion dans l’univers du tissage
Lors de la visite de l’atelier Mattelon, vous observez de près les techniques de tissage traditionnelles. Des démonstrations sur les métiers à tisser d’origine permettent de comprendre les subtilités de cet art. Deux types de tissus sont produits dans l’atelier : le jacquard et l’armuré. C’est l’occasion de toucher différents tissus pour découvrir le rendu des fils selon qu’ils soient grès ou non. Cette différence provient de la colle naturelle du fil de ver à soie.
Un fait historique intéressant : avant François Ier, la production de vers à soie se concentrait en Italie et en Espagne. Par la suite, elle s’est principalement développée dans le sud de la France.
Comment visiter l’atelier Mattelon ?
Pour venir à l’atelier Mattelon au 10, rue Richan, vous avez plusieurs options :
- métro C – station « Hénon »
- bus C13 Nord – arrêt « Commandant Arnaud »
- voiture : parking « Croix-Rousse » au niveau de la rue Belfort
- vélo’v : station n° 4003 « place Commandant Arnaud »
L’atelier Mattelon se visite exclusivement sur rendez-vous. Elle a lieu entre 9 h 00 et 17 h 00. Le tarif de la visite guidée est de :
- 6 euros pour les adultes
- 3 euros pour les enfants de 10 à 16 ans
- gratuit pour les moins de 10 ans
Vous verrez des métiers à tisser à bras et des métiers mécaniques. La durée de la visite est d’environ 1 h 15. Si vous venez avec des enfants, cela peut être un peu compliqué, car il y a beaucoup d’explications techniques. Dans ce cas, privilégiez Soierie Vivante qui est à 5 minutes à pied de l’Atelier Mattelon. En revanche, si vous êtes déjà un habitué de l’histoire de la soierie lyonnaise, c’est LE lieu à visiter pour parfaire votre connaissance du sujet !
Que faire après l’atelier Mattelon ?
Le quartier de la Croix-Rousse ne manque pas d’attractions. En voici quelques-unes :
- admirer le mur des Canuts
- visiter les ateliers de Soierie Vivante
- se perdre sur les pentes de la Croix-Rousse
- faire son marché à la Croix-Rousse (idéalement le week-end)
Ce lieu unique offre une opportunité rare de découvrir l’art du tissage dans son contexte historique. La visite à l’atelier Mattelon promet une expérience enrichissante au cœur de la tradition lyonnaise, où chaque fil raconte une histoire et chaque métier à tisser résonne des échos du passé. Et, c’est toujours un vrai plaisir d’entendre le son des métiers à tisser…