Instants lyonnais, c’est un peu une « auberge espagnole ». J’aime que mes lectrices et lecteurs se sentent comme à la maison. Aujourd’hui, Mathieu Thirant, accompagnateur en montagne, vient passer un peu de temps avec nous pour discuter de son métier et des randonnées en montagne.
Hello Mathieu, je t’ai connu quand tu étais étudiant en BTS MUC à Lyon. J’étais ta formatrice en Culture générale et expression. Si ma mémoire est bonne, tu aimais bien le sport et tu étais en alternance à Décathlon. Aujourd’hui, tu es accompagnateur en montagne. Sacré changement ! Peux-tu me raconter l’origine de ce tournant professionnel ?
Hello Manuela, effectivement ta mémoire est bonne ! Depuis mes études à Lyon, j’ai voyagé et déménagé plusieurs fois. Tout d’abord, je suis parti 2 mois en Australie. Ensuite, je me suis installé à Thonon-Les-Bains, en Haute-Savoie. J’ai passé cinq très bonnes années, remplies de montagne pour mes activités de loisir. Côté pro, j’étais technico-commercial dans la location de matériels et d’outillages pour le bâtiment. Nous, ma femme et moi, avons pris la décision de changer de région pour diverses raisons et de venir nous installer dans les Vosges. Afin de profiter de cette « transition » géographique et professionnelle (car nous avions tous les deux quitté nos boulots), nous sommes partis trois mois en van aménagé sillonner les routes de Scandinavie.
Les voyages sont propices à la réflexion et la rêverie. Le temps est comme arrêté, suspendu, moment adéquat pour prendre conscience de nos valeurs et de nos envies. Tu fais le tour de la situation dans laquelle tu étais avant de partir, de ta future situation et des éventuelles opportunités qui s’offrent à toi. Car oui, quand tu es en voyage, sans aucune contrainte ni attache, à savoir, pas de logement, ni de travail, l’opportunité est de pouvoir faire tout ce dont tu as vraiment envie. Et là, je me suis dit, en rentrant, pourquoi ne pas passer le diplôme d’accompagnateur en montagne ! Les motivations étaient : travailler dehors, faire un métier passion, transmettre mes savoirs, faire un métier actif et sportif, travailler avec différents publics.
C’est génial de sauter le pas pour exercer un métier qui te passionne. Pour prendre une telle décision, j’imagine que tu as dû sillonner de nombreux massifs montagneux. Quel est le trek qui t’a le plus marqué ?
Oui, je me suis promené dans pas mal de massifs, mais il en reste beaucoup à explorer. Le trek qui m’a le plus marqué, si je dois en choisir un seul, est le tour du Mont Blanc. C’était mon premier vrai trek, en autonomie sur plusieurs jours. Fin d’études, fin de contrat, place à l’aventure. Il m’a marqué car nous étions « débutant » dans le trekking. Nous sommes partis pour 8 jours en autonomie complète, en faisant l’erreur « du débutant » de partir avec beaucoup trop de choses et, du coup, des sacs bien trop lourds ! Mais, c’était une super expérience !
Si je peux en choisir un deuxième, ce serait le Tour de la Lauzière, effectué en 2018 avec mon père et son frère de montagne, Vincent. Un super tour, en cabane, qui reste pour moi symbolique car c’était ma randonnée itinérante pour constituer la liste de randonnées à présenter à l’examen d’entrée en formation au diplôme d’accompagnateur en montagne.
D’ailleurs, quel sera ton prochain trek ?
Le prochain trek sera le GR738, la grande traversée de la Belledonne que je vais effectuer avec mon frère. « Petit » défi que je lui ai lancé pendant cette période de confinement : à savoir s’il voulait m’accompagner sur ce trek. Ça fait plusieurs années que je l’ai en tête (depuis que le GR a été créé, 2016 je crois) mais je n’avais encore pas trouvé le moment pour le faire. Maintenant, le rendez-vous est pris : août 2020 pour 8 jours d’autonomie.
Comment t’organises-tu quand tu pars marcher sur plusieurs jours ?
Très bonne question, c’est toute une organisation. Pas évident à expliquer en quelques lignes car il y a différents paramètres qui changent tout dans la préparation : si c’est en refuge gardé, en cabane ou en bivouac, si l’on peut se ravitailler ou non, si on part deux jours ou 8 jours etc. Je commence par tracer mes étapes sur un logiciel afin d’avoir une idée plus précise de la distance que je vais parcourir et du dénivelé qui m’attend chaque jour. Les lieux de nuitée sont souvent dictés par la présence de refuge ou de cabane. Si nous sommes en tente, j’essaie de prévoir des lieux avec un point d’eau à proximité par exemple.
Ensuite, il peut y avoir une petite logistique à mettre en place si tu pars sur un itinéraire en traversée, car il faut bien revenir à sa voiture après le trek. C’est l’avantage des itinéraires en boucle. J’établis aussi une liste du matériels nécessaires, j’insiste sur le mot nécessaire. Avec le temps, j’essaie de partir le plus léger possible en ayant le matériel nécessaire à notre sécurité, en faisant parfois quelques compromis sur le confort. Mais ces compromis sont récompensés par le confort lors de la marche avec un sac un petit peu moins lourd !
Pour finir, une petite liste des repas et des provisions à prévoir et c’est parti !
Qu’est-ce qui te plait le plus quand tu pars en randonnée ?
Ce qui me plaît le plus, ce sont le paysage, la découverte des nouveaux panoramas à chaque passage d’un col. Tu oublies quasiment instantanément l’effort que tu viens de faire (bon d’accord, l’amnésie est de très courte durée mais j’aime cet effet). J’aime cette sensation d’être hors du temps, tu n’as pas de contrainte horaire, tu manges quand tu as faim, ou quand le panorama te plait. Le soir, si tu es en refuge, tu prends le temps de boire une bière tranquille. C’est ce côté détente que j’aime bien. J’apprécie de finir les journées pas trop tard, pour avoir le temps de me « laver » un peu à la source quand je suis en bivouac et profiter encore du soleil. Me promener en montagne est une source de relaxation et d’énergie pour moi, je recharge les batteries.
Petit challenge : quelle randonnée sur 2 jours avec une nuit en refuge (en mode confortable !) me conseillerais-tu pour une famille avec un enfant de 3 ans ? Niveau : Papa sportif et Maman un peu sportive. Localisation : max 2 heures de route de Lyon.
Voilà un petit challenge intéressant ! Je vous propose une randonnée en Belledonne, avec nuit au refuge de la Pra (une de mes premières nuits en refuge lorsque j’étais gamin, je pense) : il est confortable ! Du refuge, il y a plusieurs possibilités de randonnée. Vous pouvez monter au Grand Colon puis redescendre vers le parking par l’autre versant. Sinon, vous pouvez aller vous balader dans le vallon des lacs du Petit Doménon et du Grand Doménon et pourquoi pas tirer jusqu’au sommet de la croix de Belledonne. Ou bien alors de l’autre coté, vers le sud en direction de Chamrousse, il a aussi plusieurs lacs à voir.
Merci pour ces conseils ! Je me note cette sortie pour les beaux jours… Pour terminer, peux-tu présenter tes prestations en tant qu’accompagnateur en montagne ?
Concernant mes prestations, je fais des randonnées nocturnes avec activité lightpainting (car j’aime beaucoup la photo aussi). J’organise des randonnées sur 3 jours avec nuit en refuge dans les Vosges. Je propose aussi de partir à la découverte des milieux naturels spécifiques, les tourbières par exemple, en demi-journée ou journée. Nous allons aussi observer les chamois à l’aube sur les sommets vosgiens, avec possibilité de réserver un petit-déjeuner dans une ferme-auberge ou un refuge de montagne. Enfin, j’ai aussi comme projet d’organiser 1 ou 2 treks par an en France et à l’étranger (quand j’aurais une clientèle pour ce type de séjour).
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